Bienveillance et bientraitance en crèche

Instaurer la bienveillance et la bientraitance en crèche, un enjeu crucial pour l’épanouissement des tout-petits. Christine Schuhl, experte reconnue de la petite enfance, livre ses clés pour créer un environnement sécurisant, gérer avec douceur les conflits, impliquer les parents et définir le juste rôle du professionnel.

Bienveillance, bientraitance et violence…

La bienveillance et la bientraitance sont devenues ces dernières années des notions majeures dans l’éducation et l’accompagnement des jeunes enfants. Les derniers livres et rapports sur la qualité d’accueil des établissements d’accueil du jeune enfant ont démontré des potentiels problèmes en matière de bienveillance et de bientraitance dans les crèches. Un rapport de la Fondation pour l’Enfance a indiqué, qu’en 2023, « 81% des parents interrogés ont reconnu avoir eu recours à au moins une forme de violence ». Sur ces parents, près de 50% pensent que le fait de crier, donner une tape sur la main, priver l’enfant de quelque chose n’est pas une forme de violence. Et sur cette même moitié, 70% pensent que fesser, gifler ou confiner l’enfant dans le noir complet sont « des violences corporelles ».

Les crèches de Tilio : Un engagement dans la bienveillance et la bientraitance de l’enfant en crèche

Chez Les crèches de Tilio, nous nous engageons, par notre charte qualité, à fournir à chaque enfant un accueil de qualité, attentif et adapté à ses besoins. Favoriser l’éveil de l’enfant passe par la capacité de nos professionnels à créer un environnement de confiance avec l’enfant ainsi que ses parents. Pour continuer à former les professionnels de nos crèches à l’accompagnement des jeunes enfants, le réseau a organisé une conférence avec Christine Schuhl, auteure de nombreux livres sur la petite enfance (Remédier aux douces violences, Laissons-les expérimenter ! etc.).

Découvrez notre interview avec Madame Schuhl autour de la bienveillance et la bientraitance en crèche :

Comment favoriser un environnement bienveillant dans une micro-crèche ?

Il y a plein d’éléments qui favorisent l’environnement bienveillant dans une micro-crèche. Il y a la posture de l’adulte, la manière de s’adresser à l’enfant, de favoriser son rythme de vie… On peut aussi parler de l’aménagement de l’espace de la crèche qui doit permettre à l’enfant de se repérer et de bouger librement. L’aménagement passe aussi par l’esthétisme, la présentation et la qualité du matériel, la quantité des jeux, etc.

Comment gérer les moments de conflit ou de frustration chez les enfants ?

Il n’y a pas de recette miracle pour gérer des moments de conflit et de frustration. Je pense qu’un enfant qui rentre dans un état agressif ou de frustration, c’est un enfant qui manque de sécurité affective. Le professionnel doit être présent pour lui redonner cette sécurité affective. Il ne faut pas l’exclure, il faut le prendre dans les bras.

Comment impliquer et accompagner les parents dans le processus de bienveillance et de bientraitance ?

Pour impliquer les parents dans ce processus, il faut les inclure dans la collectivité. La relation doit être une relation parents-enfants-professionnels. Impliquer le parent dans le processus de bienveillance, c’est l’inviter à échanger sur ses pratiques et à reconnaître ses compétences et ses qualités. Le professionnel n’a pas à juger le parent, il fait ce qu’il peut. Personne ne naît parent, on le devient.

Quelles sont les limites à ne pas dépasser pour un.e professionnel.le de la petite enfance dans la bientraitance ?

Je pense qu’il faut que le professionnel comprenne sa position. Les enfants accueillis en crèche ne nous appartiennent pas. La position de professionnel amène à reconnaître chaque enfant dans sa singularité. Les professionnels deviennent le relais des parents, c’est pour ça que la période d’adaptation est très importante ! Et dans ce relais, l’attachement est vital, mais il ne doit pas créer de séparation entre l’enfant et le parent.

Selon vous comment la bientraitance peut-elle être réellement mise en œuvre par les professionnels ?

Le premier repère de la bientraitance, ce sont les attitudes incontournables : on va se mettre en face de l’enfant pour lui parler etc. C’est une manière d’être, un état d’esprit. Les aléas de la fatigue, de l’indisponibilité peuvent fragiliser cela, mais comme je l’ai dit, la bienveillance fait partie de soi. Donc, malgré certains aléas, un professionnel bienveillant le restera quoiqu’il arrive.